Sauvons nos chemins de fer : pour un sursaut national

Le réseau ferré français est à bout de souffle, faute d’entretien depuis des décennies par son propriétaire exclusif, l’État.

Il est en danger, aussi et surtout, par l’absence de volonté politique alors que le train constitue, à bien des égards, un enjeu d’avenir pour notre pays : territorial, climatique, social, économique, … Et que les attentes de nos concitoyens n’ont jamais été aussi fortes pour les trains du quotidien : + 47 % de fréquentation depuis 2019 dans tout le pays, + 68% en Occitanie – record national -.

Pourtant, l’alerte est là : 4 000 km de « petites lignes » menacées dès 2032, dont près de 1 000 km en Occitanie. Face à ce défi, la France reste l’un des pays européens les moins engagés : 51 euros investis par habitant, contre 115 en Allemagne ou encore 215 en Angleterre.

En Occitanie, avec ma majorité régionale, nous refusons l’abandon. La Région est reconnue pour sa politique ferroviaire : elle s’est toujours engagée à des niveaux records (de 50% à 90% de financements) pour sauver les chemins de fer ; elle rouvre des lignes, en 2022 la Rive Droite du Rhône et dans 15 jours Montréjeau-Luchon ; elle augmente les fréquences (230 trains supplémentaires par semaine en 2025 soit 3 500 trains par semaine) ; elle pratique les tarifs « les moins chers de France » – dixit le président de la SNCF, Jean-Pierre Farandou – qui permettent à nos trains d’être remplis.

Depuis 2008, nous avons investi près de 900 M€ pour sauvegarder un réseau appartenant à l’État. Aujourd’hui encore, une ultime enveloppe d’urgence est mobilisée pour préserver des lignes essentielles et empêcher leur dégradation ou leur fermeture (Toulouse-Auch, Quart Nord-Est toulousain, Nîmes-Alès, Nîmes-Le Grau du Roi, etc.).
Mais cette logique doit être revue. Parce que le Gouvernement a fortement baissé ses dotations et que le mur d’investissements ferroviaires est, rien que pour l’Occitanie, de 800 M€ d’ici 2032. Il faut désormais changer la donne, comme le proposaient déjà, en octobre 2022, l’ensemble des présidents de Régions, avec un « new deal ferroviaire » prévoyant 100 milliards d’investissements sur dix ans, cofinancés par l’Europe, l’État, la SNCF et les collectivités locales. Proposition restée lettre morte à l’époque.

Consciente de la situation budgétaire très dégradée de notre pays, je demande à l’État de s’engager sur de nouvelles solutions de financement : allouer une part des futures recettes autoroutières au ferroviaire, instaurer une écotaxe sur le transit routier international, comme c’est le cas en région Grand Est, ou encore flécher une partie des recettes des ETS 2 (quotas carbone) vers les mobilités décarbonées. La conférence nationale « Ambition France Transports », menée par Dominique Bussereau que j’ai rencontré en avril, doit permettre de financer de manière pérenne nos infrastructures. Cela doit être la première des priorités.
Le rail est un pilier de notre souveraineté, de notre cohésion, de notre transition écologique. Il est temps de lui redonner sa juste place dans notre stratégie nationale.

C’est le sens de l’appel à mobilisation que je lance aujourd’hui pour sauver nos lignes ferroviaires. Citoyens, usagers, responsables politiques, économiques, syndicaux, associatifs, acteurs de la société civile, sont mobilisés. Nous sommes prêts à agir collectivement, chacun dans nos responsabilités. D’autres initiatives de
ce type sont en train de naître comme en Bourgogne Franche-Comté. Il appartient désormais à l’État de se montrer à la hauteur. »

Carole DELGA, Présidente de la Région Occitanie