Pictogramme de la future application

L’application 

Automne 2021 – Michaël Filler et Alexandre Moisescot de la Cie Gérard Gérard ont une idée farfelue : créer une application mobile, à la fois artistique et documentaire, sur la Ligne de l’Aubrac. Un espace multimédia contemporain, ludique et informatif. L’idée est toute simple : donner un visage à la fois virtuel et humain à cette Ligne, un outil qui permettrait à tout un chacun de s’approprier les multiples facettes du Train de l’Aubrac.

Immédiatement, l’association Eurek’Art soutient leur projet et les accompagne sur la production de cette appli, d’un site web et d’un spectacle…

                # DISPONIBLE # 1er janvier 2026

L’application sera gratuite, disponible dans tous les stores (IOS et Android) et mise à en valeur par les Services de Communication de la SNCF : affiches dans les trains, en gare et sur les sites SNCF dédiés aux expériences numériques. Par ailleurs, une campagne de promotion de l’Application et de son site web est prévue à en 2026.

Cette APPLICATION MOBILE est une coproduction de la Cie Gérard Gérard et de l’association EUREK’ART.

Projet cofinancé par le LEADER – Fonds Européen Agricole pour les Développement Rural et le Ministère de la Culture – DRAC Occitanie pour le Patrimoine (Programme national d’aide à la numérisation et à la valorisation des contenus culturels – PNV), ainsi que par la Région Occitanie (Service Patrimoine et Inventaire), Eurek’Art, le Département des Pyrénées Orientales, le Département de l’Aveyron, le Département de l’Hérault, la SPEDIDAM, l’Université Paul Valéry de Montpellier et l’I.U.T. de Béziers.

Carnet de Bord photo de l'Appli - Alexandre Moisescot ©

Direction Artistique

Une direction, c’est important quand on prend le train. C’est un cap – qui ne nous empêche pas de descendre en cours de route, si l’envie nous en prenait. C’est à l’invitation d’Eurek’Art que j’ai répondu. Alors, cap’ ou pas cap’ ? Qui dit cap dit capitaine. Et j’en ai justement un, bien en tête et en cœur, quand on parle de poésie ferroviaire. Permettez-moi de le citer :

             Monsieur,
je suis au regret de vous informer que le train en formica orange qui fonce tête baissée entre deux grillages ne me convient pas du tout. (…)
Pouvez-vous s’il-vous-plaît nous restituer les locomotives noir et rouge (parfois vert) que vous nous avez confisquées en mille neuf cent soixante quatorze. Car ces trains, voyez-vous appellent la fanfare, les jeunes filles, le vin blanc et, pourquoi pas, l’œuf dur.
Ce sont, bien souvent, les trains du bonheur.
                      Wladyslaw Znorko, « Lettre au Chef des Trains » – 1993
Lettre de Wladyslaw Znorko - Cosmos Kolej (1993)

J’emprunterai volontiers cette direction pour la Ligne de la Montagne, comme l’appellent les cheminots occitans. Tout y est question de rencontres, de plaisir, de lenteur, de poésie et de lutte. Tout y est humain. Cap sur l’humain, oui ! On en a bien besoin. Cap sur les cheminots, les ingénieurs, les paysans, les instituteurs, les militants. Cap sur l’histoire et sur les jeunes aussi, qui sont bien loin de se douter de ce qu’elle recèle. Cap sur la nature si forte entre Béziers et Neussargues. Cap sur l’avenir, enfin. Sur de vastes tronçons, tout au long de la Ligne, on peut trouver des arches – témoins de son innovante et historique électrification. Et des ponts aussi, beaucoup de ponts, qu’on appelle ouvrages d’art. Jolis mots. Des arches et des ponts, moi j’en vois partout dans cette aventure. D’où l’idée de lier vivant et virtuel.

Toutes les rencontres que j’ai pu faire depuis novembre 2021 m’ont émues. Que de lueur dans leurs yeux, combien de passion, combien de combats. Le message que porte aujourd’hui cette Ligne de l’Aubrac, qui incarne en elle-même toute la notion de Service Public, est immense. Il contient une lumière rare et précieuse : la Ligne a été sauvée, la lutte peut payer. C’est l’espoir.

Ma mission : mettre en valeur et en partage cette Ligne, par la poésie, la rencontre et la révélation de tout ce qu’elle peut concentrer d’humanité, d’histoire et de travail. Et, surtout, de terriblement beau. J’écris cette direction à la lueur des Bélugs, ces éclairs aveuglants que provoque le passage des trains à l’aube, quand les pantographes effleurent les caténaires givrés. Je la dessinerai avec la même délicatesse que les mécanos de la ligne quand ils entament les pentes et les virages difficiles des versants qu’elle traverse. Je la mènerai avec la même passion que j’ai pu recevoir de ceux et celles qui ont œuvré pour qu’elle vive.

Un capitaine seul à bord ne vaut pas grand chose. J’ai la joie de connaître et d’avoir invité une brochette de marins pas vraiment d’eau douce, épris de chemins de fer qui me parlent de La Vie du Rail avec des étincelles au yeux. Alors, vogue le train et faîtes chauffer BB ! Conduire une direction artistique sur un projet aussi vaste implique une certaine forme de lâcher prise, d’humilité. Je fais mienne la phrase de « La Simone » : En train, tous responsables.

Les architectes ferroviphiles d’Eurek’Art n’en sont pas à leur premier coup en matière de travail de territoire, de médiation et de mise-en-commun artistique, notamment en milieu rural. J’ai pu à maintes occasions travailler avec cette équipe en ce sens.

                     Alexandre Moisescot

Michaël Filler, alias "MIKA", dans les locaux de la CGT à Béziers en 2022

STRATÉGIE

Valoriser cette Ligne, c’est donner accès à son histoire, faire comprendre les prouesses techniques qui ont permis sa construction, donner à entendre des témoignages, permettre de favoriser des rencontres et penser son avenir à l’heure où l’écologie devient une urgence.

Nous rappelons ici que la Ligne a été, encore tout récemment, sauvée et ré-ouverte suite à l’action de mouvements citoyens. Valoriser et faire croitre l’intérêt pour cette Ligne, c’est surtout le meilleur moyen d’en assurer la sauvegarde, de promouvoir son avenir comme Train d’Equilibre du Territoire, comme outil indispensable à des transports de marchandises plus écologiques (elle est au cœur du réseau FRET européen). L’idée principale est d’augmenter la taille d’un public-cible pré-existant, mouvement conjoint avec le développement de l’intérêt pour cette Ligne via ses diverses valorisations – dont la nôtre et celle d’Eurêk’Art.

APPLI & SITE

L’application mobile et son site web permettent de rassembler, d’agencer et d’articuler des contenus originaux ainsi que l’ensemble des archives concernant La Ligne : photographies, archives, cartes, textes, plans, dessins, interviews, créations sonores, vidéos… Ils sont tous deux destinés à tous les publics.

L’application joue le rôle de Voiture-Pilote. Son caractère innovant et la qualité de sa promotion sont pensés pour amener les usager.e.s jusqu’au site web. Là encore, l’agencement des archives, leur articulation et leur présentation sont esthétiquement mis-en-scène : la navigation est réfléchie et se doit d’être agréable, simple et facile. L’application (FACE A) constitue l’outil le plus ludique et le plus original. Elle n’a pas une vocation d’exhaustivité. Elle doit être dynamique, immersive, innovante et donner envie d’aller plus loin en renvoyant directement vers sa FACE B : le site web. Sans prétendre atteindre à l’exhaustivité, l’objectif du site web est d’agréger à terme un large éventail de ressources et archives sur La Ligne, mettant à disposition plusieurs types d’archives de la Ligne, présentant un intérêt pour le grand public. L’objectif du site web est bien d’agglomérer, de compiler et de rassembler la totalité des ressources et archives sur La Ligne. Deux manières de fonctionner co-existeront : un hébergement direct sur le site et un renvoi vers d’autres sites (par exemple : le travail d’Inventaire mené par la Région).

Le site internet sert lui de plateforme résolument exhaustive : il hébergera, indexera et renverra vers des archives numérisées sur La Ligne. Sa navigation sera moins riche et moins artistique que celle de l’application mais il en sera esthétiquement proche. Elle doit être simple, fluide et aisée. Le site web proposera une recherche plein texte, une recherche avancée guidée et une visualisation cartographique. Il proposera également une API (GraphQL) permettant l’exploitation des données du site par d’autres sites. Le site accueillera, tout comme l’application, un volet « actualité » renvoyant vers les rendez-vous liés à la Ligne et un mode de mise en relation des personnes souhaitant échanger.

EXEMPLES DE MODULES

Liste non-exhaustive,  à titre d’exemple.

  • accueil des fonctionnalités par une lozérienne nonagénaire
  • analyse psychanalytique de la Ligne avec l’ANPU
  • carto-photographie géologique au drone (motifs verticaux)
  • wagon bar politique virtuel : dialogue en train Corail
  • module vidéo sur les Bélugs (crépitements du givre sur la caténaire)
  • roman photo : « Voir St Chély et Mourir » (correspondance ratée)
  • entretiens (créations sonores et diaporamas photo)
  • dictionnaire ferrovipathe, ferroviphile et ferroviaire par un adolescent
  • portraits des derniers chefs de gare de Magalas, Faugères et St Flour
  • visite du bureau (réel et mental) de Jean-Claude Gayssot
  • cartographies artistiques avec prismes
  • rencontre augmentée avec les anciens du Club de Modélisme
  • module expérimental immersif sur les toilettes en gare de Bédarieux
  • galerie de fiches SNCF en récits
  • zoom sur l’agropastoralisme
  • la nature et les saisons le long de la Ligne
  • l’aligot sur un fil
  • dictionnaire ferrovipathe, ferroviphile et ferroviaire
    par un jeune homme de 16 ans, futur cheminot
  • sources et ressours liens vers le site web
  • de la grail à l’accordéon, instruments…
  • modélisation de dessins et cartes d’antan
  • Nuances d’occitan de Béziers à Neussargues
  • courtes transitions vidéo (passages de train sur les viaducs de la Ligne).
  • composition musicale et sonore
    pour accompagner l’entrée dans les Causses
  • histoire vraie du Train Fou
  • module expérimental immersif sur les WC
    space-ship sécuritaire en gare de Bédarieux
  • cartes interactives
  • train et randonnées : possibilités horaires

MODULES & CARTE INTERACTIVE

Une écriture du réel. Il faut imaginer un travail qui s’ancre dans le documentaire (historique, journalistique, sociologique, géologique) et transforme cette matière première en une œuvre pensée comme un arbre avec ses branches, ou bien une ligne avec ses stations, ou encore un menu avec ses plats (puisque la gastronomie n’est pas une petite composante du patrimoine de ces régions). Une série de modules, en somme.

TON & ESTHÉTIQUE

Le ton global se veut tendre, parfois noble, parfois amusé. Humain, il est souvent incarné dans l’écriture comme dans le son. C’est une tonalité tout sauf neutre, chaude, mais néanmoins sobre. Les formats des modules de l’appli sont courts (5 mn max).
Si cette ligne est tout à la fois symbole de passé et d’avenir, notre application se veut innovante mais gardant dans son esthétique un aspect un brin nostalgique inspiré du magazine La Vie du Rail des années 1980. Le travail d’écriture structurelle de l’appli (son codage) est ainsi à penser avec ce style. D’où une certaine tension, que nous
pensons intéressante, entre son support (smartphone) et son esthétique.

MÉDIAS & HYBRIDATION

L’application sera hybride dans sa conception, comportant un socle de contenu embarqué (hors réseau) ainsi que des contenus accessibles via une connexion à un serveur (avec réseau). Cette contrainte devra être prise en charge de manière claire et non intrusive pour l’utilisateur. Les parties hors connexions devront faire sens et donner un aperçu non exhaustif mais restant complet et cohérent. Afin de soulager le poids de l’application, les contenus hors réseau, embarqués dans l’application, devra rester maîtrisée. Ainsi, les moteurs de communication prédominants de l’application seront le son (conçu pour l’écoute au casque), la photographie et le dessin, le texte
et la dynamique de navigation. L’utilisation de la vidéo sera, à cet endroit, drastiquement faible. Les éléments visuels sont, une fois n’est pas coutume, volontairement moins riches afin que l’usager.e. soit invité.e à lever la tête pour mieux s’imprégner de la ligne. Majoritairement photographique, typographique, cartographique et graphique, le visuel s’approchera d’un travail de dessin et de peinture. Le GIF en sera une composante agréablement désuète mais réinventée.

LANGAGE & TECHNOLOGIES

Faisant partie de la SCAM, nous regardons avec attention l’évolution des écritures du réel en direction des ‘nouveaux médias’, notamment du WebDoc. Ces nouveaux formats numériques présentent des intérêts mais restent technologiquement intimement dépendants de ‘la pile web’ (HTML, CSS, JavaScript et du PHP côté serveur).
Nous aimerions plus de contrôle et plus de créativité. Ce pourquoi, nous avons commencé à pratiquer Flutter, le framework (sdk) de Google, cross-plateformes et surtout natif pour le développement mobile. Des possibilités nouvelles se profilent à l’horizon. La plus importante étant de permettre d’être à la fois auteur du contenu artistique et auteur de l’architecture de l’application, d’établir un lien direct entre l’écriture logicielle et les écritures du réel. En d’autres mots, d’avoir un contrôle plus poussé sur la partie technologique (quelle que soit la plateforme) pour traduire une pensée créatrice.
Ne plus être dépendant des technologies du web permet de chercher une communication plus intime avec l’utilisateur, lecteur ou auditeur. La radio rentre naturellement dans notre sphère intime, le web beaucoup plus difficilement… et dans notre époque, c’est naturellement le smartphone qui permet d’explorer cette relation d’intimité avec le destinataire. Penser une expérience sonore via un téléphone mobile devient stimulant si l’on prend en compte la forte progression technologique des casques audio.

ETAPES D’ECRITURE

Ce travail d’écriture multimédia ne peut se faire que sur un temps long, notamment du fait du codage natif que l’appli requiert, de la délicate composition de l’œuvre globale et de l’immensité des territoires que relie la ligne.
Tout d’abord : récolter de la matière. Cette étape se nourrit volontairement de nombreuses rencontres, souvent documentées, donnant lieu à des enregistrements et des prises de vues. Ceci aboutit à diverses collaborations avec des partenaires locaux, des comités citoyens, des acteurs des territoires, amenant ainsi les auteurs à des sujets de plus en plus particuliers, voire insoupçonnés.
Lors de ses voyages, nous procédons à un premier repérage et imaginons un module, que nous pouvons commencer à modéliser. Très vite, quasi-simultanément, nous entamons une première écriture de contenus artistiques et de développement de l’appli. Cette architecture se nourrit de matière, jalonnée par des objectifs.

TÉMOIGNAGES RECCUEILLIS

JEAN-CLAUDE GAYSSOT
ancien Ministre des Transports, ancien cheminot sur la Ligne
JEAN-LUC GIBELIN / à venir
Vice-Président de la Région Occitanie en charge des Transports
DELPHINE COUZI / à venir
Directrice SNCF Intercités, TER et TET en Région Sud
EMMANUELLE ARNAUD / à venir
Directrice SNCF de la Ligne de l’Aubrac et du Cévenol
JACKY TELLO
Président du Comité Pluraliste, ainsi que LES MEMBRES du COMITE PLURALISTE
PATRICIA ROCHÈS
Présidente de l’AMIGA, maire de Coren-Les-Eaux
PHILIPPE MARASSÉ
Historien, spécialiste de la Ligne
ERIC PAILLÈS
Cheminot (mécano) sur la Ligne et Vigneron
OLIVIER FALZON
Porte-Parole de la CGT Cheminot à Béziers
GATIEN ELIE
Géographe, collaborateur du Monde Diplomatique
JÉRÉMIE GUIRAUD
16 ans, futur cheminot à Béziers
JEAN LIBES
Retraité, Dernier chef de gare de la Gare de Faugères
CLUB DE MODELISME FERROVIAIRE DE BÉZIERS
Groupe d’anciens cheminots retraités, férus de modélisme
JEAN DONA
Musicien avec Les Barbeaux, ex-cheminot (manutentionnaire)
RODOLPHE CONGÈRE
Cheminot au poste d’Aiguilleur
FEARGHAL McLAUHGLIN ET SES DEUX ENFANTS
Passager, ferrovipathe irlandais à Millau et passionné de la Ligne
ANTOINE LESVÊQUE
Secrétaire de l’AMIGA, étudiant en droit
MARC LAFFONT
Controleur sur la Ligne
PIERRE NOURRISSIER
Président de l’Étoile Ferroviaire des Hauts Cantons
JEAN-LUC PASTRES
Vice-Président du Musée du Chemin de Fer à Bédarieux